Les maisons jumellées

Les maisons jumelées

Sur un terrain lui appartenant, Charles Fripier a construit vers 1886 deux maisons accolées. Il a eu l’idée d’en faire un ensemble homogène et symétrique. Un corps central à pignon, regroupant les portes des logements, est encadré par des ailes comprenant chacune l’arc d’une boutique.

4 rue aux Chèvres

Le maçon Charles Fripier, dont l’entreprise était florissante et qui possédait des terrains dans Parné, était notamment propriétaire d’une parcelle à mi-pente de la rue aux Chèvres. Il décida de valoriser ce bien en y construisant, vers 1866, deux maisons pour les louer.
L’originalité de sa démarche architecturale a été de concevoir non pas deux petits bâtiments indépendants, mais un immeuble unique dans lequel les deux habitations se répartissent de manière symétrique. Ce souci de symétrie est affirmé par la construction d’un pignon occupant le centre de la façade et évitant, par là même, d’offrir sur la rue une vaste surface rectangulaire et monotone.
De part et d’autre de l’axe défini par la pointe du pignon, on trouve les deux portes des habitations, surmontées par des fenêtres à l’étage. Sous la pointe du pignon, comme ce principe de maisons jumelées ne permettait pas une ouverture unique, Fripier a placé une fenêtre géminée. Sur les côtés, les espaces d’habitation sont prolongés par des boutiques largement ouvertes sur la rue par deux grandes baies. L’intention de Fripier était donc de pouvoir répondre à la demande d’artisans ou de commerçants. On remarque qu’en raison de la forte pente de la rue aux Chèvres, le seuil de la boutique de droite est très haut et aujourd’hui inaccessible. Fripier n’a pas voulu rompre la stricte symétrie de sa façade en abaissant le niveau de la baie pour l’adapter à la topographie. On doit donc supposer qu’un aménagement particulier, escalier et perron sans doute en bois, était prévu pour résoudre cette difficulté.
Le vocabulaire décoratif, plus simple que celui du café que Fripier va construire, deux ans après, au n° 25 de la Grande Rue, présente déjà les mêmes fondamentaux. On y voit les mêmes encadrements de parpaings de terre cuite alternativement rouges et blancs aux encadrements, mais d’une façon plus systématique que pour le café, la même corniche de tuiles demi-rondes rouges et blanches sous le toit, l’ajout de rosaces en terre cuite pour habiller les surfaces vides. Avec des moyens simples, Fripier réalise un bel exemple d’architecture populaire, définie par le goût de la couleur et des formes accentuées, dont la qualité réside dans l’équilibre et la rigueur de la composition.