La maison Faucheux

La Maison Faucheux

La façade de 1878 montre la fantaisie que permet l’usage de la brique, comme dans le café Fripier (n°22) dix ans plus tôt. Dans le couronnement des ouvertures, le tuffeau ajoute de vagues réminiscences néo-gothiques.

2 Grande Rue

Le maçon Charles Fripier, auquel on doit beaucoup de réalisations à Parné-sur-Roc dans la deuxième moitié du 19ème siècle, a passé sa jeunesse et a commencé son activité dans une maison, aujourd’hui disparue, située au carrefour de la Grande Rue et de la rue de la Tannerie. Ce carrefour était appelé autrefois carrefour Beaubet (nom attesté dès 1672, déformé en Bon-Bec au 19ème siècle). Après qu’il ait déménagé au n° 13 de la Grande Rue, Fripier édifia au carrefour, en 1878, une maison nouvelle pour le frère de son épouse, Pierre Augustin Faucheux, couvreur de son état.
De dix ans postérieure au café qu’il avait construit au n° 25 de la Grande Rue, en haut de la rue aux Chèvres, cette maison présente la même exubérance décorative et exprime le même principe de polychromie permis par l’utilisation de la terre cuite. La surface de la façade est traitée de façon presque exactement identique : sur un fond de briques rouges, est tracé un treillis losangique, noir au rez-de-chaussée et blanc à l’étage, ponctué par un motif répété de quatre briques. La seule différence réside dans la couleur de ces ponctuations, de même couleur que le treillis dans le café, de couleur opposée dans la maison Faucheux. On trouve aussi, dans les deux cas, les mêmes consoles supportant l’appui de la lucarne.
Mais les points communs s’arrêtent là. Les lignes soulignant les ouvertures et la base du toit sont réalisées de manière bien différente. La terre cuite colorée est remplacée ici par le calcaire pour les encadrements et la corniche supérieure. Les petites rosaces en terre cuite, si fréquentes dans les autres réalisations de Fripier, ont disparu. De plus, on voit apparaître la réminiscence d’un style assez inattendu. Toutes les ouvertures sont surmontées d’un arc en accolade, lui-même prolongé par une ligne verticale. Cela évoque, mais de très loin et sous une forme extrêmement schématique, les arcs à pinacles du gothique finissant, comme si le goût néo-gothique venait pointer le bout de son nez. Il est vrai que l’ornementation des surfaces de briques peut avoir, elle aussi, une certaine source d’inspiration dans l’architecture de briques de l’extrême fin du 15ème siècle.
Toujours est-il qu’avec l’usage du calcaire, Charles Fripier fait une tentative qui n’aura pas de lendemain. Il montre au moins dans cette recherche, une fois de plus, sa capacité d’ouverture et d’évolution.