Chemin Valais

Le Chemin Valais

Le chemin médiéval de tours à Laval limitait l’ancien bourg. Ayant longé le cimetière, il descend dans la vallée sous le nom de rue aux Chèvres puis constitue la rue de Val d’Ouette.

LE CHEMIN MÉDIÉVAL DE TOURS À LAVAL
OU CHEMIN VALAIS

Dans l’Antiquité, une voie reliant Tours à Corseul (Côtes-d’Armor, près de Dinan) traversait la Mayenne à l’emplacement où, plus tard, sera construit le Vieux Pont de Laval. Elle ne passait pas à Parné-sur-Roc mais plus au Nord-Est, par Saulges, Soulgé-sur-Ouette et Bonchamp.
Au Moyen Âge, elle a disparu progressivement, ne laissant que des sections utilisées pour des besoins locaux ou intégrées dans de nouveaux itinéraires, comme le chemin de Laval au Mans. L’apparition de Laval au 11e siècle, à la suite de la fondation du château, a entraîné la formation d’une nouvelle route venant de Tours. Cette route s’est constituée par addition d’itinéraires locaux reliant de proche en proche les bourgs nés vers la même époque. Elle passe par Sablé-sur-Sarthe et a joué un rôle essentiel dans le développement du bourg de Parné.

À l’inverse de l’ancienne voie romaine encore appelée chemin des Bretons au Moyen Âge, c’est Laval que désigne comme aboutissement l’expression de chemin valais (c’est-à-dire de Laval) rencontrée à Forcé en 1378. Ce terme est générique puisqu’on le trouve aussi à Nuillé-sur-Vicoin en 1413 à propos d’un autre chemin venant de Château-Gontier par la rive droite de la Mayenne.
Les premières mentions du chemin de Tours passant par Sablé remontent au début du 12e siècle. Vers 1115, Lisiard de Sablé, en guerre avec le seigneur de Laval, construisit une fortification avancée sur le chemin de Laval près du cimetière de Saint-Loup-du-Dorat, où on la voyait encore en 1518. Comme cet ouvrage était sur les terres du prieuré de Saint-Loup, dépendant de l’abbaye de Marmoutier, il céda aux moines, en 1123, l’équivalent en vignes au bord du chemin à titre de compensation. L’ancienneté du parcours est confirmée, cette fois près de Laval, par le pont de pierre de Forcé qui doit remonter au 12e siècle. Cette datation se déduit des arches en plein cintre et de l’utilisation du grès roussard, matériau vite abandonné, au siècle suivant, dans la région de Laval.
Ces repères topographiques sont confortés par des données plus récentes. Le passage du chemin, mentionné comme on l’a dit à Forcé en 1378, est signalé près de la chapelle de Mariette en Beaumont-Pied-de-Bœuf au 15e siècle, rappelé à Saint-Loup-du-Dorat en 1491 et 1536 et indiqué au bout de l’allée du château de Champfleury en Arquenay au 18e siècle. Les différents repères sont en accord avec le parcours donné sur la carte de l’évêché du Mans de Jaillot en 1706. Grâce au cadastre du 19e siècle et aux éléments conservés, portions de chemins ou simples lignes de haies, on peut préciser le tracé de Laval à Sablé-sur-Sarthe.
D’après Jaillot, la sortie de Laval se faisait par le faubourg du Pont-de-Mayenne. Un chemin prolongeant la rue de Paradis menait à un pont sur le ruisseau de Saint-Nicolas, à l’emplacement approximatif du carrefour de la rue Victor-Boissel, du boulevard Montmorency-Laval, du boulevard Francis-Le-Basser et du boulevard des Tisserands. Puis il se divisait en trois branches, menant à Brûlon par Saulges, à Sablé par Meslay-du-Maine et à Château-Gontier par la rive gauche de la Mayenne.
Le chemin de Sablé passait au pied des fourches patibulaires, indiquées par un symbole et le mot « Justice » sur la carte de Jaillot et situées près du carrefour actuel de l’avenue de Tours et de celle d’Angers. Ensuite, jusqu’à Forcé, l’ancien chemin a été très effacé entre la construction de la route royale, achevée à Forcé en 1770 et à Meslay en 1786, et l’établissement du premier cadastre (1808 à Laval, 1829 à Bonchamp). Les indices cadastraux, aériens (fond photographique Google Earth) et sur le terrain font supposer qu’il passait au sud de la Hunaudière (Laval) et à la Croix-Gaudin (Bonchamp) où il coupait le chemin de Maine, vieille voie parallèle à la rivière, venant de Mayenne et ignorant Laval, désignée sous le nom de via Penuriae (chemin de Misère) en 1180 dans le cartulaire du Ronceray.
De la Croix-Gaudin au pont médiéval de Forcé, deux itinéraires sont possibles. Le plus direct passe au nord de la RD 21 et traverse les terrains de la Cassine (Bonchamp). Il correspond à un écoulement d’eau dont on ne sait s’il est naturel ou déterminé par le chemin disparu. L’autre hypothèse coupe la route au sud de la Croix-Gaudin et rejoint Forcé par le Chêne-Vert et l’ancien hameau de potiers des Gaudinières.
La situation devient claire à partir du pont. On suit le tracé en limite sud de l’ancien bourg de Forcé. Par le Gros-Chêne, il se rapproche de la route actuelle qu’il coupe entre les chemins de la Raterie et de la Conillère (Parné-sur-Roc). La haie devenue inutile qui double sur quelques mètres celle bordant la route, du côté sud, est une trace discrète mais caractéristique, rarement épargnée par l’agriculture intensive.
À la hauteur du château d’eau de Parné, commence un chemin goudronné qui, au premier virage, retrouve le tracé du chemin valais. Ce dernier longe le grand cimetière de Parné, attesté à son emplacement actuel depuis 1577, puis, comme à Forcé, il passe en bordure du bourg ancien au lieu d’y pénétrer.
Cela pose la question de la chronologie relative entre bourgs et chemins. À Parné au moins, dont la partie la plus ancienne de l’église date des alentours de l’an 1000, il existe des indices d’un cimetière mérovingien qui a dû déterminer l’implantation du bâtiment. Ce cimetière supposé se serait établi près d’un chemin existant, ce qui expliquerait à la fois que le chemin ne traverse pas le bourg et que l’église n’ait pas été construite sur le chemin. L’origine de ce dernier remonterait, dans ce secteur, au haut Moyen Âge si ce n’est avant.
Sous le nom de rue aux Chèvres, le chemin descend le coteau de l’Ouette qu’il va traverser sur un pont de pierres médiéval à arches en arc brisé. Puis on le suit, toujours sous la forme d’une voie goudronnée, jusqu’aux abords de la RD 21 où il ne disparaît qu’au dernier virage. Toutefois, le cadastre permet de retrouver les parties disparues. Le tracé coupe la route entre la Petit-Église et la Chaponnière puis il est suivi, au sud de la Vignerie, par une limite communale où il est mentionné comme « ancienne route de Laval à Meslay » sur le cadastre d’Arquenay en 18346. Sur la commune d’Arquenay, il disparaît du cadastre jusqu’à la Grande-Motte mais le fond photographique aérien de Google Earth permet de le suivre avec beaucoup de probabilité. Au nord du Teil, il se séparait d’un chemin menant à Arquenay. Des traces assez lisibles montrent qu’il se rapprochait de la route actuelle jusqu’à l’Émonderie, puis s’en écartait insensiblement pour passer sur le site de la Grande-Motte où existait un château à motte et basse-cour dessiné sur l’ancien cadastre. De là, jusqu’à l’entrée de Meslay-du-Maine, il est intégralement conservé.
La traversée de Meslay se faisait par la Grande-Rue, au nord de l’église. Au sud-est du bourg, jusqu’à Mariette (Beaumont-Pied-de-Bœuf), le tracé faiblement sinueux ne s’écarte jamais de plus de 200 m de la route moderne, tantôt au nord (secteurs de l’hippodrome, des Ziards et d’Yvron), tantôt au sud (virage de la RD 21, secteurs de la Tisonnière et de la Houdairie). Un chemin menant à Brûlon par Ballée s’en détachait aux Ziards. C’est à la chapelle de Mariette (Beaumont-Pied-de-Bœuf), mentionnée sur la carte de Jaillot, que l’on retrouve un segment conservé. Il vient s’identifier à la route de Préaux à l’est de Malabri puis, ayant traversé le bourg de Beaumont-Pied-de-Bœuf, il s’infléchit vers le S.E. pour atteindre Saint-Loup-du-Dorat à l’emplacement de l’église romane. Il suit la route actuelle à 120 m au nord, traverse Bouessay, touche ponctuellement la route au Pont-Guéret où il traverse la Vaige, pour s’en écarter à nouveau et passer au nord de Saint-Charles. Son entrée dans Sablé correspond à la route de Ballée.