La maison néo-classique

La Maison néo-classique

L’habitation de Charles Frippier, datée de 1851, suit les règles de l’architecture néoclassique : symétrie autour de l’axe formé par la porte et la lucarne à fronton, petites fenêtres à l’étage. Elle diffère des maisons construites par ce maçon à partir des années 1860, utilisant en abondance la brique.

13 Grande Rue

Beaucoup de maisons ayant l’allure de constructions du 19ème siècle sont en réalité des maisons anciennes, parfois médiévales, remaniées à plusieurs reprises et profondément transformées, surtout en façade, dans le courant du 19ème. Cette reconstruction ou modification des façades s’explique parfois par l’élargissement des rues, mais plus souvent par un simple souci de mise au goût du jour et d’élargissement des ouvertures. C’est le cas, par exemple, en face de la maison qui nous occupe, des n° 14, 16 et 20 Grande Rue.
En revanche, la maison du n° 13 est une pure création du 19ème siècle. Par comparaison avec d’autres constructions, elle montre l’évolution du style à cette époque de grande activité architecturale. Sa date de construction est gravée sur le fronton de la lucarne au centre de la façade : 1851. Cette date est confirmée par la matrice cadastrale.

Son aspect traduit un évident souci de symétrie axiale. La composition de la façade s’organise par rapport à une verticale centrale tracée par la porte et la lucarne. Les fenêtres se répartissent également de part et d’autre. Celles de l’étage sont nettement plus petites que celles du rez-de-chaussée, caractère que l’on trouve couramment dans les édifices civiles de la première moitié du 19ème siècle. La décoration est sobre ; elle tient au contraste de couleur entre les encadrements de granite du rez-de-chaussée et ceux en calcaire de l’étage, ainsi qu’aux moulurations simples soulignant la base du toit et le fronton. L’ensemble de ces données permet de rattacher ce bâtiment au style néo-classique, raisonnable et un peu sévère, qui a succédé aux fantaisies baroques du 18ème siècle. Il en constitue un témoin modeste, mais de bonne facture.
Si l’on compare cette maison au bâtiment en briques colorées que l’on aperçoit à droite, au bout de la Grande-Rue, construit en 1868, on mesure l’évolution du goût et la créativité des constructeurs au 19ème siècle. Cela est d’autant plus frappant que ces deux maisons sont très probablement dues à la même personne, Charles Fripier, maître maçon qui concevait lui-même les bâtiments qu’il construisait pour des personnes privées. Les documents dont nous disposons montrent que, très probablement, Fripier a construit la maison néo-classique pour en faire sa propre demeure. Dix ans plus tard, il édifiait dans Parné des bâtiments totalement différents, utilisant la brique pour des effets décoratifs, s’adaptant au goût qui s’est développé partout pendant la seconde moitié du 19ème siècle.